"...don't be stuck in the every day reality, allow yourself to dream, have faith in your wildest dreams." [AaRON]

"Ne restez pas scotchés à la réalité quotidenne. Permettez-vous de rêver. Croyez en vos rêves les plus fous..." [AaRON]

lundi 6 février 2017

CARNET NOIR : ROMAN POLANSKI


J'ai appris comme tout le monde la polémique soulevée par la proposition faite à Roman Polanski de présider la 42ème édition des César.

L'annonce de son nom avait provoqué un tollé sur les réseaux sociaux, notamment auprès des associations féministes, en raison d'une accusation de viol sur mineure remontant à 1977 pour laquelle un juge américain poursuit le célèbre réalisateur depuis près de 40 ans. Dieu sait que j'abhorre les violeurs mais il faut remettre les choses à leur place. Quand on regarde les faits, on se rend compte que le réalisateur a été piégé par une jeune fille en mal de notoriété qui n'avait rien d'une oie blanche. A l'époque, Polanski passa 42 jours en prison préventive, ce qui n'est pas rien, et plaida coupable (procédure de "Plea Bargain") avec, en contrepartie, la promesse du juge d'être libéré. Mais, se ravisant, ce même juge revint sur sa décision et, alors que Polanski était en Europe où il réside (Roman Polanski a la double nationalité française et polonaise), il lança contre lui un mandat d'arrêt international. On ne parle plus de l'affaire pendant des années, d'autant que la plaignante, après quelle ait reçu en 1993 500 000 dollars de dommages et intérêts, a retiré sa plainte et s'est engagée à ne plus jamais évoquer cette affaire.



Mais en 2009, un nouveau procureur voulant se faire de la publicité exhume l'affaire vieille de plusieurs dizaines d'années et réactive le mandat d'arrêt international. En septembre 2009, alors qu'il est invité à présider un festival de cinéma en Suisse, il est arrêté par la police à l'aéroport de Zurich, mis en prison, puis assigné à résidence. Un an plus tard, il est libéré après que les autorités suisses aient refusé son extradition. Le dernier rebondissement de cette affaire s'est joué récemment en Pologne où le tribunal a définitivement refusé d'extrader le réalisateur de 83 ans aux Etats-Unis comme l'avaient fait précédemment d'autres pays, comme la France, la Grande-Bretagne, le Canada, le Brésil, le Danemark, l'Allemagne, la Suède et la Thaïlande.

Est-ce à dire que Polanski ne s'est pas rendu coupable d'un viol commis il y a plus de 40 ans ? Sans doute que si... Mais l'invraisemblable acharnement de la justice américaine en est-il pour autant justifié ?  Je ne le pense pas. D'autant que, depuis cette époque, Polanski a mené une vie exemplaire : après le décès de sa première épouse Sharon Tate, dans les épouvantables conditions que l'on sait, il s'est remarié en 1989, avec l'actrice Emmanuelle Seigner, avec laquelle il a deux enfants.

C'est un grand réalisateur auquel on doit l'admirable Le Pianiste (Palme d'or 2002 à Cannes), qui, sans être totalement autobiographique, rappelle les conditions terribles dans lesquelles il s'est échappé du ghetto de Cracovie. Je vous conseille de lire sa volumineuse et passionnante autobiographie ressortie l'an dernier, et sobrement intitulée Roman (à prendre dans les deux sens, Roman, le prénom de Polanski mais aussi le mot "roman" car sa vie est un authentique et émouvant roman.)

Après ce long préambule, qu'il me paraissait nécessaire pour que mes lecteurs puissent se faire une idée de ce que je pense de Roman Polanski, je voudrais justement citer des extraits provenant de cette autobiographie;



 Au début de celle-ci, il écrit :

"Aussi loin que je remonte dans mes souvenirs, le frontière entre le réel et l'imaginaire a toujours été  désespérément brouillée. Il m'aura fallu presqu'une vie pour comprendre que c'était là la clé de mon existence même. Cela m'aura valu plus que ma part de chagrins, d'affrontements, de catastrophes et de déceptions. Mais j'ai vu s'ouvrir devant moi des portes qui, sans cela, seraient demeurées fermées à jamais. L'art et la poésie, la fantaisie et l'imaginaire m'ont toujours paru plus réels que les étroites limites du monde au sein duquel j'ai grandi (...) Très jeune, j'avais déjà l'impression d'être différent de ceux qui m'entouraient. Je vivais dans un monde à part qui n'appartenait qu'à moi parce qu'il était le fruit de mon imagination."  
         
Sans vouloir me comparer à lui (je n'ai pas son talent !), ni (heureusement) à la vie terrible et aux épreuves qu'il a eues à affronter, ces mots font écho à ce que j'ai moi aussi toujours ressenti. A tel point que j'aurais pu les écrire. Depuis mon plus jeune âge, je me suis toujours senti en décalage avec le monde qui m'entourait. J'ai toujours fait bonne figure, me satisfaisant de ce que j'avais. J'ai traversé la vie comme si elle n'avait été qu'une parenthèse, courte en vérité, car pas une seule fois dans mon existence, je n'ai vu le temps passer. A 68 ans, j'ai toujours l'impression d'en avoir 18. C'est d'ailleurs ainsi que, la plupart du temps, je me vois dans mes rêves et je me sens dans la vie. Je dois toujours calculer l'âge que j'ai. J'ai aussi l'impression de ne rien avoir accompli, en tout cas pas assez.    

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